Dans un contexte macroéconomique très incertain tel que nous le vivons actuellement, les marchés financiers sont affectés par ce que l’on appelle la volatilité, autrement dit par des mouvements de prix importants plus ou moins rapprochés, à la hausse comme à la baisse. Cette forte amplitude de variation des cours est souvent mal vécue par l’épargnant, a fortiori dans un marché baissier. Ne sachant plus sur quel pied danser, l’investisseur aura tendance à agir sous le coup de l’émotion et préférera vendre à perte plutôt que de devoir « subir » la volatilité anxiogène des marchés. Ce biais cognitif est malheureusement source de décisions de gestion souvent inadaptées. Pourtant il existe un moyen de se prémunir de ces mouvements erratiques des marchés en investissant dans des fonds dits long/short. Ces derniers présentent également bien d’autres vertus.
L’ADN de ces fonds long/short repose sur l’utilisation d’une stratégie d’achat (position acheteuse ou long buying) et de vente (position vendeuse ou short selling) à découvert.
Le mystère de la vente à découvert enfin levé…
Si un gérant de portefeuille estime que le cours d’une action est amené à baisser, alors il va vendre celle-ci sans pour autant en avoir la propriété pleine et entière. C’est pourquoi on parle de vente à découvert.
Mais comment vendre ce que l’on ne détient pas ?
Le gérant va d’abord emprunter les actions qui ont un potentiel de baisse auprès d’un broker (courtier). Cet emprunt est essentiel car, encore une fois, le gérant ne possède pas réellement les actions qu’il veut vendre.
Une fois les actions empruntées, le gérant les vend dans le marché au cours actuel. On dit qu’une position courte est alors créée. Le gérant a donc vendu des actions qu’il n’avait pas achetées mais seulement empruntées. Or, il devra, à une date fixée à l’avance avec le broker, restituer les actions qu’il a empruntées et vendues. Cela implique qu’il les achète dans le marché. Son objectif est donc qu’entre le moment où il a vendu les actions et le moment où il doit les racheter dans le marché pour pouvoir les restituer, le cours de celles-ci baisse. Si tel est le cas, le vendeur à découvert aura réalisé une plus-value.
Prenons un exemple concret. Imaginons que vous pensiez que le prix d’une action ABC, qui vaut actuellement 100€, va baisser. Vous empruntez alors 10 actions ABC pour une certaine durée et les vendez sur le marché pour un total de 1 000 €.
Si à la fin de la période d’emprunt, le prix de l’action ABC tombe à 80 €, vous pourrez alors acheter les 10 actions pour 800€ (10 actions x 80€) sur le marché. La différence, soit ici 200 €, représente le profit de la vente à découvert.
Mais la vente à découvert comporte un risque significatif. Car imaginez que tout ne se passe pas comme vous l’auriez anticipé et qu’au lieu de baisser le cours des actions empruntées grimpe en flèche. Vous devrez alors les racheter au prix fort, voire constater votre incapacité à honorer le contrat d’emprunt, autrement dit à restituer les actions empruntées.
C’est pourquoi, pour éviter que vous fassiez défaut, le prêteur des actions prendra des garanties. Parmi celles-ci figure le « collatéral » : l’emprunteur fournit une garantie, généralement sous la forme de liquidités ou d’autres titres, pour couvrir le coût potentiel du rachat des actions en cas de besoin. Ce collatéral peut être utilisé par le courtier pour compenser les pertes potentielles.
Les courtiers imposent aussi des exigences de marge sur les transactions de vente à découvert (appel de marge). Cela signifie que l’emprunteur doit déposer une certaine somme d’argent sur un compte de marge pour garantir la transaction. Si les pertes dépassent un certain seuil, le courtier peut exiger un dépôt de fonds supplémentaire pour maintenir la position courte.
Si le prêteur de titres cherche à couvrir le risque de défaut du « short seller », le gérant cherchera de son côté à couvrir le risque de hausse du cours de l’action empruntée (dans le cas d’une vente à découvert). Pour ce faire, il aura par exemple recours à des options d’achat (« call options » en anglais) qui lui donneront la possibilité d’acheter des actions dans le futur à un cours prédéterminé à l’avance. Ainsi, en cas de mouvement haussier du cours des actions ayant fait l’objet d’une vente à découvert, le gérant pourra les racheter à un cours plafonné. Plus largement, le gérant a à sa disposition toute une panoplie d’instruments dits de couverture pour limiter le risque induit par le « short selling » ou le « long buying ».
Mais en quoi un fonds long-short est-il particulièrement adapté en période de forte volatilité des marchés ?
La structure intrinsèque d’un fonds long/short vise à générer des rendements indépendamment de la direction globale des marchés.
Un fonds long/short va pouvoir profiter de mouvements à la fois haussier et baissier, car il peut prendre des positions à la fois à la hausse (long) sur des actifs considérés comme sous-évalués et à la baisse (short) sur des actifs considérés comme surévalués. Ainsi, il peut générer des profits quel que soit le contexte du marché.
Les gérants de fonds long/short ont la flexibilité de gérer activement leur portefeuille pour atténuer les risques en ajustant la proportion d’actions longues et courtes autrement dit l’exposition nette aux mouvements directionnels des marchés. A titre d’exemple, le gérant du fonds BDL rempart pourra avoir une exposition nette au marché (positions acheteuses moins positions vendeuses) de -50% à + 100% de l’actif net du fonds. Autre exemple, le gérant du fonds Moneta Long Short pourra aller de -20% à + 100% de l’actif net. S’agissant du fonds Carmignac Long Short, l’exposition nette en actions variera entre -20% et +50% de l’actif net. En période de volatilité, cette capacité à réagir rapidement aux conditions changeantes du marché peut être cruciale pour la préservation du capital. Le gérant d’un fonds long/short pourra ainsi faire varier rapidement l’exposition nette aux mouvements directionnels des marchés.
La capacité à prendre des positions courtes permet aux gestionnaires de fonds long/short de se protéger contre les baisses du marché. En période de volatilité, cette fonction de couverture peut aider à minimiser les pertes potentielles, offrant ainsi une protection relative par rapport aux stratégies uniquement longues.
Les fonds long/short peuvent offrir une diversification accrue par rapport aux fonds traditionnels qui dépendent principalement de la hausse des marchés pour générer des rendements. La diversification peut réduire la sensibilité du portefeuille aux mouvements brutaux des marchés.
Enfin, les gérants de fonds long/short se concentrent souvent sur la recherche fondamentale et l’analyse approfondie pour identifier les opportunités d’investissement, ce qui peut être particulièrement avantageux dans un environnement de marché volatil. Les inefficiences et les mouvements de prix extrêmes peuvent créer des opportunités de générer des rendements excédentaires, appelés « alpha ».
En résumé, un fonds long/short est généralement bien adapté à des périodes de forte volatilité en raison de sa capacité à tirer parti des mouvements de prix dans les deux sens, à gérer activement les risques, à se protéger contre les baisses du marché et à exploiter les opportunités génératrices d’alpha.
Pour autant, le recours aux fonds long/short doit être appréciée à l’aune d’une allocation de portefeuille diversifiée et ne doit en aucun cas être considéré comme un fonds moins risqué qu’un fonds traditionnel. Un fonds long/short comporte des risques induits par la technicité de sa gestion auquel il faut ajouter plusieurs autres types de risques (non exhaustifs) comme le risque actions (exposition à la hausse et à la baisse du marché actions), le risque de liquidité, le risque de levier, le risque de crédit. Ainsi, comme tout autre fonds, l’investisseur est exposé à un risque de perte en capital.